Tous les articles par François Couturier
Hommage à André Degonde
Les cultures néolithiques
• 6500 – 1500 avant J.- C.
• Les premiers agriculteurs :
• Culture :
du millet au nord, puis du riz au sud
• Poteries polychromes :
« de Yangshao » et « de Majiayao »
• Poteries monochromes :
« de Longshan »
Poterie « Yangshao »2500 – 2000 av. J.-C. hauteur 19 cm
Poterie « Majiayao »2200 – 2000 av. J.-C. Musée de Shanghai
Poterie « Longshan »environ 2000 av. J.-C. vase Kuei « en pis de chèvre »
La dynastie Qing
1644 – 1911
Dynastie Mandchoue :
•Sinisée depuis 2 siècles et demi au Liaoning
•Appelée et non arrivée par la force
•Une abdication négociée
(sans extermination totale de la précédente famille impériale)
•Un siècle et demi de splendeur et de stabilité
Paysage ou « Shan Shui »
« Début de printemps » de Wang Yuanqi (1642 – 1715)
Musée du Liaoning
« Claire Journée d’automne à Huai – Yang »
de Shitao (1642 – 1707) Musée de Nanjing
Shitao, de la famille impériale Ming, illustre et commente ici des événements contemporains dans leurs dimensions politique et historique. Une embarcation solitaire, un paysage désolé avec des maisons vides, sauf une, disparaissant presque sous les eaux… et une longue inscription qui raconte la chute des Sui : un prince ne s’acquittant pas du contrôle des eaux, cette région subit une terrible inondation… Une leçon de bonne gouvernance !
La peinture de cour : l’Empereur Qianlong
en robe de cérémonie règne de 1736 à 1796
Une concubine de Qianlong
par le Dolois Jean-Denis Attiret peintre à la cour de 1738 à 1768
Les caractéristiques essentielles :
•Renforcement territorial :
Xinjiang, Guizhou, Yunnan, Tibet…
•Sous la souveraineté chinoise :
Siam, Vietnam, Birmanie
•Poussée démographique :
430 millions en 1850
•Les changements essentiels :
•Accroissement des surfaces cultivées
•Augmentation des rendements céréaliers
•Plantes nouvelles :
tabac, maïs, tomates, patates douces…
•Artisanat industriel : textiles
•Commerce extérieur excédentaire :
avant l’oppression coloniale
•La défense est négligée : –> occupation
•La période des humiliations :
•1839 : « guerre de l’opium » :
(venu d’Inde, imposé par les Britanniques)
•1842 : « Traités inégaux » :
5 ports cédés (dont HongKong)
•1850 « Révolte des Taiping » :
– égalitarisme mystique
– régime communautaire
Les humiliations et les révoltes :
•La « Révolte des Taiping » (suite) :
– égalité des sexes (fin des pieds bandés !)
•1851 capture de Nanjing (Nankin)
•1860 « sac du Palais d’Eté » :
par Britanniques et Français
• 1864 insurrection matée par l’Occident
Le Yuanming yuan 圆明园 Palais d’Eté des Qing saccagé par les anglo-français. Gouache. Bibliothèque Nationale de Paris
Buste de Victor Hugo
qui a dénoncé cette destruction oeuvre de Nacera Kainou
Don de la Fédération des AFC et de l’APCAE Pour le 150ème
anniversaire du Sac du Yuanming Yuan (16 octobre 2010)
Le Yuanming yuan 圆明园 Palais d’Eté des Qing
saccagé par les anglo-français
•Première défaite face au Japon :
– Traité de Shimonoseki (1895)
– Dépeçage de la Chine
•La « Révolte des Boxers » :
– répression occidentale féroce,
– fuite de la famille impériale à Xi’an
•1900 – 1911 : fin du système dynastique
•1911 : chute du régime impérial
L’Impératrice douairière Cixi ou Ts’euhi
exerce la réalité du pouvoir impérial de 1862 à 1908 !
La dynastie Sui
•581 – 618
•Réunification de l’Empire
mais fin rapide, à l’image de la dynastie Qin
•Travaux gigantesques :
Grande Muraille et début du Grand Canal
•Découverte :
soufre + salpêtre = inflammable –> poudre
Le Grand Canal à Changzhou
Le Grand Canal à Suzhou
La « Porte d’eau » du Grand Canal à Suzhou
Céramiques Sui Musée de Shanghai
Femme jouant
du Xiao
Femme au pot
Chameau
Les 16 Royaumes et les dynasties du Nord et du Sud
•Pénétration du Bouddhisme :
– devenu prépondérant au 3e
siècle
– création des « grands domaines »
bouddhiques sur des terres
vierges
•Nouvelles autonomies agricoles
chaque zone subvient à ses besoins et développe son irrigation
•Commerce interrégional en dépit des nombreux conflits
•« Papier de Chine » à base d’écorces de mûriers
•Art bouddhique « le sourire Wei » (Wei du Nord 386 – 535) à Yungang (Datong) et à Longmen (Luoyang)
Grottes de Yungang 460 – 525
Bouddha méditant H : 17 m ; l : 15,8 m
Grottes de Longmen 505 – 523
Bouddha Vairocana H : 17,14 m
Céladon Huzi : pot de chambre
Jin de l’Ouest 265 – 317
Jarre en céladon avec figures humaines et oiseaux
Jin de l’Ouest 265 – 317 Musée de Shanghai
La dynastie Qin
•221 – 206 avant J.- C.
•Fondation de l’Empire : le plus important tournant de l’histoire de la Chine.
•Abolition de la féodalité, destruction des livres.
•Normalisations :
Grande Muraille, poids et mesures, monnaies, essieux des chars, écriture.
•Arbitraire, dureté du pouvoir :
impopularité, renversement par Liu Bang.
Le Premier empereur Qin Shi Huangdi
Son « Armée en terre cuite »…
Un chariot en bronze (échelle ½)
Pékin 北京 Beijing
Pékin 北京 pinyin : běijīng, littéralement « capitale du nord ») est la capitale de la République populaire de Chine. Située dans le nord du pays, la municipalité de Pékin (北京市, abrégé en 北京), d’une superficie de 16 800 km2, borde la province du Hebei ainsi que la municipalité de Tianjin. Pékin est considérée comme le centre politique et culturel de la Chine, tandis que Hong Kong et Shanghai dominent au niveau économique.
D’abord ville périphérique de l’empire chinois sous les Han et les Tang, elle prend de l’importance lorsque les Jurchen, qui fondent la dynastie Jin, la choisissent comme leur capitale principale en 1153. Le prince mongol Kublai Khan en fait de même sous le nom de Dadu (« grande métropole »), enfin les Ming y transfèrent leur administration en 1421, parachevant le choix de Pékin comme capitale de la Chine. Située à proximité de la Grande Muraille, Pékin abrite des monuments célèbres comme la Cité interdite et le Temple du ciel, qui sont inscrits au patrimoine mondial. De nombreuses réalisations architecturales et structurelles ont modifié la ville à l’occasion des Jeux olympiques dont elle a été l’hôte en 2008.
Avec 19,6 millions d’habitants (2010), Pékin est la deuxième ville la plus peuplée de Chine après Shanghai. La zone urbaine compte quant à elle 18 millions d’habitants. Le parler pékinois forme la base du mandarin standard. D’un point de vue économique, Pékin est la troisième ville de Chine par le PIB total derrière Shanghai et Hong Kong. Elle connaît une croissance économique très rapide, nettement plus de 10 % par an dans les années 2000. Un nouveau Central business district (CBD) est en construction.
Images croisées France-Chine
FEDERATION DES ASSOCIATIONS FRANCO-CHINOISES
Télécharger IMAGES CROISEES Fr-Ch
法中友协联合会
Images croisées France-Chine – Fondation Victor Segalen
Ce sont les travaux d’un colloque tenu en mai 2012 à Beijing, par la Fondation Victor Segalen pour le dialogue entre les cultures française et chinoise. France et Chine doivent s’intéresser ensemble à la perception de l’autre pour parvenir à une compréhension mieux partagée.
Connaissance, compréhension, acceptation.
Les médias français ressortent périodiquement la menace d’un nouveau « péril jaune » ; les séries télévisées chinoises font-elles revivre périodiquement le Sac du Palais d’été, phénomènes qui prennent le pas sur les souvenirs d’évènements effectifs marquant l’histoire des relations entre les deux pays : les Guerres de l’opium, les jésuites en Chine, les travailleurs chinois en France durant la Grande guerre, la traduction de Confucius etc.
Ce n’est qu’au 19e siècle que commence en Chine une véritable perception de l’identité française. En 1899 est publiée la première traduction chinoise d’un roman occidental (« La dame aux camélias ») puis suivent celles de Hugo, Balzac, qui sont des succès populaires. L’influence française est ensuite idéologique (1789, la Commune de Paris…). Puis suivent les conseils du célèbre père Huc qui, au 19e siècle, écrivait : « vouloir en Chine raisonner et agir comme en Europe serait démence et puérilité »…
►Quelle connaissance avons-nous de l’autre ? Le savoir existe, il est disponible (en 2012, 500.000 Français se sont rendus en Chine, la France a accueilli un million de Chinois), l’apprentissage des langues se poursuit. Une forme de connaissance naît, approximative, partielle, confuse, souvent passionnelle, ancrée dans une mémoire collective puissante en images de toutes sortes.
►Quelle compréhension développons-nous de l’autre ? Transformer l’information en entendement, en capacité de discernement est malaisé : l’incompréhension reste la règle, le manque de contextualisation aussi. On a même vu un nouveau président français n’être jamais allé visiter la seconde puissance mondiale – tout comme dix des douze candidats à cette élection !-.
►Quelle acceptation avons-nous finalement de nous-mêmes ? Il faut, quoi qu’il arrive, garder la porte ouverte, conserver le temps de la conversation, dire ce que l’on pense sans provoquer ni offenser l’autre. Il faudrait des Français moins arrogants face à des Chinois toujours prudents. Ces derniers voient parfois la France d’un meilleur œil que les Français eux-mêmes…
Perceptions croisées, état des lieux.
Côté français, l’image de la Chine oscille entre soupçon et optimisme. Côté chinois, 53% des personnes interrogées ont une bonne impression de la France… juste après la Suisse. Stéréotypes persistants, incompréhensions primaires sont au rendez-vous.
Deux enquêtes ont été menées, en France et en Chine. Chez les Français, un tiers éprouvent de la méfiance à l’endroit de la Chine, un tiers de la curiosité, et un Français sur cinq éprouve de la peur.
La toute puissance, millénaire et actuelle, de la Chine est largement reconnue par nos compatriotes, mais elle ne les attire pas (18% imaginent y vivre, 32% ont une bonne image de la Chine – contre 66% pour le Brésil, 25% pour l’Inde et 25% pour la Russie) ; 74% des Français interrogés considèrent la Chine comme une menace économique, 25% comme une opportunité ; 5% d’entre eux considèrent que la Chine respecte les droits de l’homme… et pour 83% les informations communiquées par la Chine sont peu crédibles.
Pour les Français, les Chinois sont travailleurs (73%), disciplinés (67%), sympathiques (17%), accueillants (14%).
Les Français appréhendent la Chine sur la base réductrice des informations en leur possession, leur méfiance est principalement due à un manque d’informations. Trois Français sur 4 jugent bonnes les relations entre les deux pays. Les éléments d’image à travailler sont : la qualité des produits chinois, la crédibilité des informations communiquées, le respect de l’environnement, les conditions de travail des salariés chinois. Si les efforts de la Chine dans ces domaines étaient portés à la connaissance des Français, l’image du pays pourrait progresser singulièrement.
Les entreprises chinoises souffrent d’un véritable déficit de notoriété (seules Qingdao, Lenovo, Haier, ZTE surnagent…). 4% des Français jugent les produits chinois de bonne qualité, 2% que les entreprises respectent l’environnement ; elles ne recueillent que 22% d’opinions positives, tandis que sont plébiscitées les entreprises allemandes.
Culture, histoire, vie quotidienne, marques et entreprises : les Français ont une méconnaissance assez profonde de la Chine d’aujourd’hui. Ceci préoccupe les milieux d’affaires : dès le début de l’ouverture, se répandit l’histoire de la poule chinoise proposant au cochon occidental de créer une joint venture dont l’objet serait de vendre des omelettes au jambon… Les déboires chinois de Danone, Schneider et bien d’autres sont encore dans tous les esprits, alors qu’une déconvenue en Chine n’est pas synonyme d’échec définitif. La Chine se veut pacifique et stable – elle est symbolisée par un panda pacifique et paresseux, qu’Hollywood a transformé en Kungfu Panda (un succès en Chine !) – mais les milieux économiques la voient comme contradictoire et imprévisible : il leur est difficile d’utiliser leurs outils habituels d’analyse et de prospectives.
Le face à face vu de Chine.
53% des Chinois interrogés ont une bonne impression de la France (après la Suisse, 64%) : mode, cosmétiques, produits de luxe, littérature… 23,3% des sondés considèrent que l’environnement et les conditions d’investissement sont satisfaisantes (12,1% les voient comme mauvaises).
Destination touristique privilégiée, comme un parc d’attraction, une sorte de « grande Venise » en proie à l’insécurité, au chômage élevé, à l’absence de dynamisme économique et au nombre considérable de jours de grève… Romantiques, arrogants, paresseux, hors d’une forme de modernité globalisante, mais plutôt chaleureux, ouverts d’esprit, cultivés, dotés d’un vif esprit critique, ainsi apparaissent les Français, dont les entreprises recueillent… 9,9% d’opinions favorables !
Les Chinois considèrent que les médias français sont à leur endroit plutôt négatifs, biaisés voire malveillants.
On observe donc une bonne image de la France, mais un profond écart de connaissance. Quelle est la responsabilité des médias dans ce clivage, Les Chinois sont frappés par le fait que les médias mettent en avant ce qui ne marche pas, en Chine comme ailleurs, mais les Français ne sont pas intéressés par les trains qui arrivent à l’heure… Tandis que l’image de la France en Chine est toujours meilleure, et parfois même meilleure que la réalité !
La relation bilatérale est ambivalente ; les reportages des médias français ont créé l’image d’une France arrogante (juin 1989, Tibet…), donneuse de leçons. On observe la persistance des préjugés, conclusions péremptoires et erronées. Les prévisions récurrentes des « observateurs » français « bien informés » sur l’effondrement prochain de la Chine montrent leur incapacité à voir que le pays se réforme constamment, ce qui est semble t-il plus facile à faire qu’en Europe…
Les Chinois regardent l’avenir des relations bilatérales à partir des convergences, les Français à partir des divergences.
Qui sait, influence et contrôle quoi ?
L’image d’un pays est une réalité autonome, qui pèse lourd. Elle est construite par des médiateurs, nombreux, dispersés et autonomes ; c’est un composé complexe qui n’évolue que très lentement. A la différence de l’Allemagne, la France n’a pas su construire une image de puissance industrielle, ni technologique (comme le Japon), mais l’a bâtie sur son histoire.
Si les nouvelles de Chine sont bonnes, les médias français ne leur accordent que peu de place, si elles sont mauvaises, ils les amplifient. Bien que le quart des internautes soit chinois et que les réseaux sociaux explosent, ceci n’a pas favorisé le développent des relations entre Français et Chinois, tandis que l’éducation se transforme en une sorte de libre service de la connaissance : on s’y exprime librement, sans aucune responsabilité, sur des sujets que l’on ne connaît ni ne comprend. Comment juger un pays, une culture, un peuple, sans l’avoir jamais vu ? Les opinions publiques sont vulnérables, qui se bercent d’une illusion de la connaissance.
Alliage du haut de gamme et de la haute technologie.
Entreprises et marques s’imposent comme vecteurs effectifs de l’image d’un pays. Il a fallu des années pour dépasser la mauvaise réputation du made in China, tandis que la France peine à revendiquer une prééminence technologique ; le modèle à suivre est ici celui de l’aérien.
C’est lorsqu’on arrête de vouloir comprendre la Chine que tout y devient clair. Le bon sens consiste à se placer dans une position de respect et d’égalité.
Comment atteindre connaissance puis compréhension ? Les stéréotypes ont la vie dure : il faut vulgariser avec intelligence, rester connecté à l’histoire, user de la transversalité potentielle des nouveaux médias, apprendre à innover ensemble, en résumé :
►décrypter les comportements et les codes,
►distinguer la lettre de l’esprit,
►inventer d’autres modes de coopération.
Dans le village dit « global », jamais les risques de malentendus n’ont semblé si grands. La Chine ressemble de moins en moins à l’image qu’on se fait volontiers d’un pays développé au sens occidental du terme. Les entreprises européennes sont 22% à envisager de se déplacer vers d’autres pôles de croissance et d’état de droit. La Chine n’a jamais été un pays de droit tel que nous le concevons, mais un espace dans lequel le pragmatisme, les corrections, les ajustements se font sans cesse et où le principe d’équité l’emporte sur celui de règle. Y critiquer son propre pays ne provoque que peu de considération…
A l’universalisme des Lumières a succédé les particularismes de la mondialisation. Le pragmatisme chinois se heurte de front à la rationalité à la française, et réciproquement, générant inquiétudes, méfiances, voire agressivité ou arrogance (« j’aime la Chine comme elle devrait être » laisse échapper un journaliste français). La Commission européenne a pour sa part une vision ethnocentriste dépassée d’un pays marqué par des évolutions importantes : l’internationalisation du RMB et la normalisation du système monétaire et financier chinois, l’émergence d’une classe moyenne (12% de la population, soit 160 millions aujourd’hui ; 70% en 2013).
Dans l’aéronautique, l’énergie (EDF), les services financiers, les secteurs de l‘eau et du vin, il est des exemples vertueux de l’évolution positive des perceptions entre les deux pays. Ailleurs prévaut souvent une approche émotionnelle qui entraîne fascination et crispation ; beaucoup de Français s’échinent à faire entrer la Chine dans le tiroir d’un modèle économique précis. Malgré les voyages – organisés par le marketing touristique – malentendus et préjugés persistent, bien qu’aux 25 étudiants français en Chine de 1970 y aient succédé les 6.000 d’aujourd’hui.
Maîtriser les techniques, accéder à la pensée.
Pauvre et agitée par la révolution culturelle, la Chine était admirée par la France ; modernisée, ouverte, elle est de plus en plus critiquée ! Quelques propositions :
►vulgariser et accroître la conscience interculturelle,
►accepter des phénomènes en apparence contradictoire,
►s’attacher à l’histoire,
►célébrer les contrastes,
►se méfier de la connexion virtuelle,
►éviter le trop plein de sens et d’interprétations,
►privilégier l’action.
Il fut rester soi-même, se rencontrer de plus en plus, ne pas chercher de réponse à tout, favoriser le désir d’innover ensemble. « Accordons-nous dans la différence » dit le dicton chinois. Il existe, entre la Chine et la France, une longue histoire de rencontres fortes mais souvent inabouties.
Valery Giscard d’Estaing : « S’il y avait la pleine et totale liberté de penser et de s’exprimer dans la société française, cela se saurait. Personne n’a mentionné le poids de la pensée unique dans le débat public français. Les organes d’information sécrètent une forme de pensée qui s’impose à tous les autres – cf. la révolution culturelle prolétarienne dépeinte par la pensée unique occidentale comme un pur moment de bonheur pour la Chine…-. Remplaçons la propagande par la compréhension réciproque ! »
Les actes du colloque sont publiés en édition bilingue :
« Images croisées France-Chine» 增进相互了解促进中法合作 »
La Documentation française, 2014
Compte-rendu établi par Alain Labat, président de la FAFC
Président : Alain Labat. 2, rue Masaryk 69009 LYON. FRANCE. Tel/fax : (33) 04.78.83.54.84
Secrétaire général : Alain Caporossi. 5C rue du Bougney 25000 BESANCON France. Tel : (33) 09.60.02.01.06.
France-Chine : quels nouveaux partenariats ?
Télécharger COLLOQUE POITIERS 2014
France-Chine : quels nouveaux partenariats ?
Colloque de la Fondation Prospective & Innovation – Futuroscope de Poitiers, 29 août 2014
Le texte ci-dessous ne constitue pas le compte rendu exhaustif ou officiel du colloque, mais un résumé établi à partir de notes prises sur place.
Claude CHANCEL, professeur agrégé, auteur de « Le grand livre de la Chine », Eyrolles, 2013
Lorsqu’on évoque la Chine, il ne faut jamais oublier les échelles géographiques (c’est le troisième pays le plus vaste du monde, qui fut au 18e le premier), démographiques (on compte 21 Chinois pour 1 Français), économiques (en 1830, la Chine représentait 20% de la population et 30% du PNB mondial, ce sera peut-être la même chose en 2030…), historiques (c’est, disait le général de Gaulle, « une nation aussi vieille que l’histoire ») ; elle est aujourd’hui le chantier, l’atelier et le banquier du monde et possède la plus grande diaspora.
Deng Xiaoping a inventé « l’économie socialiste de marché », un capitalisme d’Etat qui a désormais ses champions internationaux, dans un pays qui forme le plus d’ingénieurs chaque année et entame le combat pour les normes et les marques mondiales : il compte trois des cinq plus grands équipementiers téléphoniques de la planète et constitue un futur grand constructeur aéronautique. Il ne néglige pas pour autant le soft power : bientôt un millier d’Instituts Confucius, une agence de notation propre, un classement international chinois des universités et affirme sa puissance sur le marché de l’art, dans les médias (Chinawood…).
De ses problèmes, la Chine fait elle-même le diagnostic : vieillissement rapide, ralentissement de la croissance, inégalités sociales, pollution, corruption etc.
Le pays dispose de la plus grande classe moyenne du monde, qui a des dépenses contraintes mais aussi à présent souveraines : le Chinois nouveau est instruit, connecté.
La Chine est un acteur essentiel de la scène internationale. Elle joue un rôle majeur dans le Groupe de Shanghai (qui rassemble les 14 pays voisins avec lesquels elle a des frontières terrestres), dans celui des BRICS, qui se veut une alternative à Bretton Woods et concerne l’Afrique, dans l’ASEAN, avec laquelle a été signé un traité de libre-échange, mais où elle doit faire face à une coalition des inquiétudes. Ce pays nous lance deux défis : notre positionnement dans le monde et nos relations avec lui.
Caroline PUEL, journaliste, écrivain, titulaire de la chaire « Chine contemporaine » à Sciences Po Bordeaux
Il nous faut réinventer notre relation avec la Chine. Nous disposons d’un héritage politique – la reconnaissance par le général de Gaulle, et à ce titre en célébrer le cinquantenaire est bien pour les jeunes Chinois -, la formation dans notre pays d’hommes comme Deng Xiaoping, Zhou Enlai et d’autres. Mais fondamentalement nous sommes aux yeux des Chinois « romantiques », notamment quant à la manière de gérer notre patrimoine culturel ; la France a transformé ce patrimoine en matière diplomatique – les Années croisées ont inspiré les Chinois, qui ont dupliqué l’évènement avec la Russie, la Grèce… -. La diplomatie culturelle est essentielle mais la politique d’indépendance de de Gaulle ou la position de la France lors de la guerre en Irak ont été bien perçues en Chine. Nous devons capitaliser sur ces avantages, car il y a érosion de nos positions en Chine.
Les relations bilatérales ont été jalonnées de crises :
►dans les années 1990 à 1994, avec les ventes d’armes à Taïwan, qui ont laissé des traces quant aux engagements à long terme de la France ;
►le passage de la flamme olympique à Paris en 2008, dans un contexte de répression au Tibet. Les JO étaient le symbole de la renaissance de la Chine et de son développement pacifique : cet évènement a été insignifiant aux yeux des Français, mais un choc pour les Chinois, ressenti comme ce que J.P. Raffarin a nommé « un dépit amoureux ». La fascination à propos de la France s’est brutalement arrêtée et l’image du pays est devenue désastreuse pour les jeunes Chinois ;
►depuis deux ans, le couple franco-allemand n’existe plus, essentiel à l’Europe comme aux yeux de la Chine. Dans le même temps, une France qui conserve des secteurs clés et des atouts majeurs se désindustrialise. En Chine, son image est désormais confuse, sa fiscalité inquiète les investisseurs et sa politique semble sans vision.
La relation demeure privilégiée, mais il reste du travail à faire sur le fond, en particulier dans le domaine des relations économiques. Nous avons deux atouts : la construction de l’Europe et notre relation avec l’Afrique. Les Chinois nous ont révélé une nouvelle Afrique, passée de l’assistanat au développement : il faut avancer ensemble sur ce continent.
Quelle est l’image de l’Europe en Chine ? Les Chinois ont cru à l’Europe… avant les Européens ! L’Euro a suscité chez eux un intérêt majeur, et le non au référendum une incompréhension totale. Il ne faut pas oublier leur aide lors de la crise de l’Euro. Ils sont pragmatiques, vont spontanément vers les leaders, en l’occurrence l’Allemagne : A. Merkel est reçue mieux que personne en Chine –image, protocole etc. -. A noter aussi l’intérêt chinois pour les anciens pays du bloc de l’Est, avec lesquels il y a des affinités, et où l’on trouve de grands spécialistes de la Chine.
Michel GODET, économiste, membre de l’Académie des Technologies
Tout ce que l’on a pensé en France durant quarante ans sur la Chine était faux, de par nos médias biaisés, notre inculture économique ; lorsque Simon Leys a révélé la réalité de la « révolution culturelle », il a déclenché un tollé et une chasse aux sorcières dans les milieux des médias et de la recherche. Pour ces médias, qui regorgent d’anciens maoïstes reconvertis en bobos, aujourd’hui tout est négatif en Chine : c’est le capitalisme sauvage – certes, mais la misère recule notablement -. Partisans d’une économie autoritaire de marché, ils se gardent de critiquer Cuba… Il n’existe pas de regard biculturel. Sans connaissance de l’histoire, on ne peut rien comprendre, même dans les relations d’affaires.
La question démographique est essentielle : on le voit avec le Japon d’aujourd’hui, qui a perdu trente millions d’habitants. La Chine va passer après l’Inde, qui comptera 400 millions d’habitants de plus, la Russie va également chuter sur le plan de la population.
N’oublions pas que la Chine (un tiers des réserves mondiales de devises) nous sauve : si elle n’achetait plus d’Euros, nous n’aurions pas les mêmes taux d’intérêt – Peugeot PSA vend plus en Chine qu’en France, Angela Merkel passe chaque année plusieurs semaines en Chine, les Suisses – qui n’ont pas de politique industrielle et donc une industrie florissante – dégagent aussi des excédents commerciaux avec ce pays.
On peut être optimiste sur la capacité de la Chine à surmonter ses problèmes de corruption, d’environnement (Beijing est aujourd’hui aussi pollué que Londres au 19e siècle). Il faut demeurer réaliste et, pour jauger un pays, avoir recours à des indicateurs pertinents comme l’indicateur « Big Mac » qui consiste à calculer combien de « Big Mac » un salarié peut acheter dans son pays : à cette aune l’écart de PIB entre la France et la Chine se resserre…
Jean-Michel SEVERINO, Président, « Investisseur & Partenaire »
Péril jaune et péril noir sont les deux fantasmes du 21e siècle. L’Afrique représentera la moitié de la croissance démographique mondiale dans les trente prochaines années. C’est un continent en pleine croissance économique, qui atteindra un PIB de 5.000 milliards USD en 2050 (soit celui de la Chine aujourd’hui) ; pour ce dernier pays c’est une source majeure d’énergie et d’alimentation, et ce sera à l’avenir une terre de délocalisation des industries de main d’œuvre. Pour la France, c’est un enjeu majeur d’exportation : 200.000 personnes sont aujourd’hui employées dans ce commerce avec l’Afrique, soit 50% de plus qu’il y a dix ans, et ce sera entre 800.000 et un million dans les années 2050, soit un chiffre considérable. Nous allons devoir nous entendre avec les Chinois qui y jouent un rôle essentiel (2 des 5% de la croissance africaine sont dus à la Chine, qui y est le premier investisseur public et privé, dans tous les domaines). 800.000 Chinois sont en Afrique, dont la présence a aussi des aspects négatifs : montages financiers douteux, heurts sociaux etc. C’est la première destination à l’étranger du nouveau président Xi Jinping. Cette présence chinoise est perçue négativement en France, comme une concurrence jugée déloyale (BTP, équipement…) – la France a divisé par deux sa part de marché en Afrique en dix ans : mais en fait nous avons perdu des parts au profit de nos concurrents européens, notamment l’Allemagne -. Les Chinois sont perçus différemment par l’industrie de consommation française, avec laquelle il y a des coopérations (télécoms…) ; les milieux financiers français sont indifférents. Tout le monde ayant intérêt à la stabilité de la croissance africaine, nous avons intérêt à collaborer avec la Chine, même si nous serons concurrents dans certains secteurs.
L’Afrique deviendra lieu de délocalisation industrielle : nouvelle étape pour la Chine, nouvelle frontière pour la France ; une partie de ce qui est aujourd’hui produit en Chine le sera demain en Afrique (textiles…). Il s’agit d’une relocalisation industrielle, qui doit faire l’objet de politiques publiques, et doit voir le secteur financier revenir au cœur de cette relation. C’est le terrain le plus important de notre avenir économique en ce siècle, et la première réserve de créations d’emplois en France.
Jean-Paul BETBEZE, conseiller économique de Deloitte, Senior Advisor Crédit Agricole
Il n’est pas simple de passer de la concurrence, qui est de l’ordre de la réalité, au partenariat, qui relève de celui du désir. Cette concurrence doit être non destructrice, c’est-à-dire régulée, il faut une « concurrence éclairée ». Nos partenariats inégaux sont en crise dite 842 (Chine 8% de taux de croissance, USA 4%, Europe 2%). Il s’agit d’une crise de la dette – la Chine fait crédit aux Etats-Unis (elle a perdu le tiers de ses bons du Trésor américain…) – dont le montant représente (dettes publiques et privées) la somme astronomique de 125 trilliards USD, avec, en terme réels, un taux de rémunération zéro. L’autre crise est celle de l’inégalité du partenariat : le monde financier se fracture, la zone € a une politique monétaire autonome, les pays émergents s’organisent (par exemple la banque régionale des BRICS, qui va s’installer à Shanghai. On observe ainsi une dé globalisation financière, dans laquelle la part de marché du RMB a dépassé celle de l’€ dans les transactions.
Or il faut que les partenariats soient équilibrés, mutuellement avantageux, bâtis pas à pas, multipliant les alliances (il faut de la concurrence ET de la coopération).
Jean-Dominique SENARD, Président directeur général de Michelin
Il existe une affection réciproque entre Michelin et la Chine, où l’entreprise s’est implantée à partir des années 1980 : elle y emploie aujourd’hui 8.000 personnes et dispose de quatre usines (Shenyang – son « paquebot industriel – ; Shanghai…), et bientôt une cinquième. La demande de mobilité est à la racine de la croissance de Michelin en Chine : l’entreprise veut participer à une croissance pérenne et propre, c’est un aspect fondamental. Cette présence est industrielle mais concerne aussi la recherche : il faut dépasser la simple production industrielle pour accompagner la Chine dans un développement économique pérenne.. A cet égard, le pneu (qui influe fortement sur la consommation d’essence) est un outil technologique majeur Le « pneu vert » a été, dans une indifférence totale, introduit par Michelin dans les années 1990. Dans quelques jours aura lieu à Beijing, en centre ville, le pris de formule 1 alignant des véhicules électriques, afin de démontrer que la technologie peut permettre une mobilité pérenne. En matière de pneus agricoles, les besoins chinois sont énormes, et leur qualité peut totalement changer la rentabilité d’une exploitation agricole. Les conditions faites à la propriété intellectuelle s’améliorent : nous ne pouvons la conserver dans la durée – la Chine a besoin de technologie, et elle l’aura -. Il nous faut donc conserver un temps d’avance, c’est la clé du problème, d’où la R&D en Chine, car le potentiel est devant nous.
MICHELIN 2
Erik GRAB, Directeur de la prospective, Michelin. A travers le Challenge Bibendum, Michelin propose plusieurs ruptures :
►la réduction du CO2, à travers un marché monétisé ;
►la mise en œuvre de zones à faible émission de CO2 (200 g/km. aujourd’hui, il faut viser 50 g.) ; à Beijing, 42% des particules proviennent des échappements, le reste du charbon ;
►l’innovation dans le transport des personnes (porte à porte) et des marchandises (logistique du dernier kilomètre) ;
►l’investissement privé dans les infrastructures : 120.000 milliards USD sont à trouver à cet effet dans le monde.
Tout ceci doit générer de l’innovation et de l’emploi.
Jérôme BEDIER, Secrétaire général de Carrefour
La Chine (250 magasins en joint ventures avec 15 partenaires chinois, 70.000 employés, 6 milliards USD de chiffre d’affaires) est essentielle au groupe depuis 1995 : elle y compte plus de magasins qu’en France et l’on y ouvre entre 20 et 30 magasins par an, en passant au format de proximité. Il faut, en Chine, du temps et de la confiance avec les hommes et une vision à long terme.
Carrefour, à travers sa fondation, s’est engagé en faveur de la sécurité alimentaire, en partenariat avec des municipalités. Le groupe a également lancé un programme d’achat direct dans des coopératives agricoles villageoises à partir de contrats de 3 à 5 ans. Les autorités chinoises suivent de près l’évolution d’un commerce électronique, qui doit être régulé (concurrence, moyens de paiement…) : c’est également un objet de partenariat.
Henry SAINT-BRIS, Senior vice-président marketing & relations institutionnelles, Suez Environnement
Le groupe est présent en Chine depuis trente ans, et a commencé par s’implanter à Hongkong ; il ne réalise que des investissements à 50/50% avec les municipalités et investit dans la recherce & développement (universités Qingha, Tongji). Leader dans le traitement de l’eau et des déchets, Suez emploie en Chine 7.000 personnes et y réalise un chiffre d’affaires d’un milliard €. Il est très présent dans les parcs industriels dans un contexte marqué par l’urbanisation croissante et la rareté de l’eau, notamment à Beijing et des problèmes adjacents (nuages de poussières, doublement du volume des ordures ménagères : 150 milliards de tonnes aujourd’hui, 300 millions en 2023…).
La population est défiante envers la qualité de l’air et de grands projets concernent l’eau : transferts, dessalement (100 projets d’usines de dessalement de l’eau de mer), réutilisation des eaux usées (5% en Chine contre 20% dans le reste du monde) et concernant également les déchets (valorisation, enfouissement…). La Chine dispose de deux forces : une volonté politique (que l’on a déjà vue à l’œuvre pour la consommation de l’eau avec l’introduction des trois tarifs) et une rapidité d’adaptation des opérateurs. Pour réussir en Chine, il faut de la confiance et du temps, partager savoir-faire et innovations.
Michèle PAPPALARDO, « Vivapolis »
Comment exporter en Chine la « ville durable à la française » ? Un atout est constitué de nos villes moyennes, vivables, disposant de patrimoine et d’un dynamisme innovateur : toutes sont différentes, mais toutes ont quelque chose de français, ceci est une évidence pour nous. Un second atout est d’avoir des entreprises leader sur ce qui fait la ville, très présentes en Chine (Véolia, Alstom, Schneider etc.). Notre faiblesse est de ne pas être conscient de ce qui précède : nous ne savons pas nous vendre et agissons en ordre dispersé, gage d’inefficacité. Vivapolis entend donc fédérer : diverses agences publiques, pas moins de six ministères, sans parler des entreprises, laboratoires et autres, travaillent sur la ville durable à la française.
Il y a quatre sujets essentiels :
►l’objectif : l’homme et ses conditions de vie (travail, santé, mobilité, culture, services sociaux…) ;
►les performances : ville verte, sobre, intelligente…
►la gouvernance (long terme, participation populaire,…) ;
►capacités d’adaptation : il n’existe pas de modèle (la ville doit s’adapter au climat, à la culture, à la religion…).
On tente donc de développer des quartiers « à la française » (deux accords ont été signés avec la Chine, concernant Shenyang et Wuhan, Chengdu a aussi un projet) mais tout ceci demeure balbutiant. Est-ce que les deux parties se comprennent bien ? Comment être rapidement opérationnel ? Telles sont les questions en suspens.
Enrique BARON CRESPO, ancien Président du Parlement européen
En 1985, la Chine et l’Union européenne ont signé un partenariat stratégique (l’UE comportait douze Etats à l’époque, contre 28 et 500 millions d’habitants aujourd’hui). On négocie à présent un nouveau partenariat avec le premier partenaire commercial de l’Union européenne, et avec lequel il faudrait des relations autres qu’économiques. La Chine, qui se rapproche de la Russie, nous fait observer que nous avons un Etat providence obèse – par ailleurs populaire chez elle – : il nous faut défendre et adapter le modèle social européen.
Hubert VEDRINE, ancien ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine Conseil
La commémoration du 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques franco-chinoises, dans un pays saturé de commémorations, ne fournit aucune réponse pour la suite… En 1964, c’était un événement : la France était pionnière et partenaire unique. Nous avons vécu là-dessus depuis, mais le monde a complètement changé ! Dans le monde actuel, les Chinois se soucient des Etats-Unis, du Japon, et accessoirement de la Russie et d’une Europe dont ils ont du mal à voir à quoi elle correspond exactement. Vu de Chine, la France n’est en rien privilégiée. Le principal défi des relations franco-chinoises se trouve en France : il faut construire des raisons convaincantes pour la Chine de demeurer un partenaire de poids, tandis qu’alternent tensions et périodes de bonne intelligence. Comment gérer les premières : au niveau national ? européen ?
Il faudrait définir un domaine qui constituerait la base de notre relation avec la Chine dans la durée : l’aéronautique, l’Afrique, les technologies ? Je proposerais l’écologisation (de l’industrialisation, de l’agriculture, des transports, de l’habitat…) ; dans ce domaine la France a une capacité de haut niveau, alors que les Allemands ont une caricature de transition énergétique.
Cheng TAO, ancien ambassadeur, ancien Vice-président de l’Institut des affaires étrangères du peuple chinois
En matière de relations franco-chinoises, la France a été pionnière dans de nombreux domaines, notamment sous la présidence du général de gaulle et de Jacques Chirac. Mais ces relations ont connu des hauts et des bas (1989-1994, 2008…). Les Français sont orgueilleux, romantiques, indisciplinés et s’érigent en professeurs du monde entier – mais il en est aujourd’hui qui viennent étudier en Chine. Copier n’est pas une faute – voyez la calligraphie – il faut donc vendre vos technologies à la Chine (et pas trop cher, car elles sont vite périmées !).
Jean-Pierre RAFFARIN, Vice président du Sénat, ancien Premier ministre
En résumé, pour avoir un partenariat satisfaisant avec les Chinois, il faut :
- les aimer,
- bannir l’ethnocentrisme,
- le fonder sur l’avantage mutuel,
- garder une longueur d’avance en matière d’innovation, s’intéresser à « l’écologisation », privilégier la sobriété au baratin et ne pas négliger les partenariats croisés avec l’Afrique.
Etabli par Alain Labat, président de la Fédération des associations franco-chinoises.
Mieux connaître la Fondation Prospective & Innovation : http://www.prospective-innovation.org/